gardez le sourire

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Robert Desnos

Robert Desnos

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Robert Desnos, poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris, mort le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt en Tchécoslovaquie.

Biographie [modifier]

Son père est banquier et il passe toute son enfance dans le quartier Saint-Merri à Paris. Le cœur populaire de Paris, son imagerie naïve et toute la culture populaire traverseront toute son œuvre. Les yeux bleus mais globuleux derrière des hublots avec un air farceur, mauvais élève mais attiré par la littérature, il publie ses premiers poèmes dans Le Trait d’union, une revue d'avant-garde (notamment Le Fard des Argonautes, en alexandrins soigneusement rimés). Il fait la connaissance de Benjamin Péret, puis ce sera la rencontre avec Breton et la participation aux mouvements Dada et surréaliste. Le 25 septembre 1922, il commence des expériences d’écriture automatique, notamment sous hypnose, dans lesquelles il excelle et qui lui vaudront cet éloge de Breton : « Le surréalisme est à l'ordre du jour et Desnos est son prophète. »

Parallèlement, il poursuit des amours impossibles avec la chanteuse et comédienne Yvonne George, toujours entourée d’une foule d’idolâtres. Pour la rejoindre, il s’initie à l’opium. Pour elle, il écrira les poèmes À la mystérieuse. C’est aussi l'époque où il écrit La Liberté ou l’Amour !, ouvrage qui sera condamné pour obscénité par le tribunal de la Seine.

En 1926, il compose The Night of Loveless Nights (« La Nuit des nuits sans amour »), un poème lyrique et déchiré sur la solitude, curieusement écrit, comme Le Fard des Argonautes, en quatrains tout à fait classiques, beaucoup plus proches de Baudelaire que de Breton.

À partir de 1927, il s'éloigne du mouvement (refusant le rapprochement avec le communisme), jusqu'à une rupture définitive en 1929, quand il participe au pamphlet Un Cadavre écrit contre Breton.

En 1936, il s’efforce d’écrire un poème par jour pendant un an (certains d’entre eux ont été réunis dans État de veille). Il compose également, mais sans les publier, des recueils de poèmes pour sa femme Youki, et d'autres, ce qui est assez exceptionnel à l'époque, pour les enfants de ses amis ( « La Ménagerie de Tristan » ). Dans le même style de poésie pour enfant, il compose les « Chantefables et Chantefleurs », devenus des classiques, largement répandus dans les écoles maternelles et primaires, et mis en musique comme « La Fourmi de 18 mètres » chantée par Juliette Gréco.
Le poète aura été l'un des membres les plus actifs du groupe surréaliste. Selon André Breton, il "parl[ait] surréaliste à volonté". Desnos, lui-même, déclarait avoir fait "acte de surréalisme absolu". Résolument tourné vers l'amour et la liberté, et d'abord séduit par l'audace des expériences poétiques dont Breton est l'animateur, il revient au cours des années 1930 à des formes plus traditionnelles, ne négligeant pas le vers rimé, tout en lui offrant des perspectives inusitées et un élan original et unique.

Réclame et Fantomas [modifier]

Il rédige de nombreuses réclames notamment pour la radio, ainsi que le feuilleton « Fantomas » et des notices pharmaceutiques.

Hostile au stalinisme, Desnos est un poète engagé. En 1928, il aide le romancier Alejo Carpentier à s'échapper de Cuba, où le tyran Machado l'avait emprisonné. Avec celui-ci, il sera l'un des pionniers de la création radiophonique en France. Dès 1934, il participe au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d'intellectuels antifascistes. Il abandonne vite ses positions pacifistes, convaincu que, devant la montée des périls, la France doit se préparer à la guerre. Il est l'un des rares intellectuels français à partir au front par conviction. Ainsi écrit-il à sa femme Youki, en janvier 1940 : "J'ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu'elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l'inestimable satisfaction d'emmerder Hitler."

Occupation [modifier]

Durant l'Occupation, il continue à écrire dans la presse, notamment dans le quotidien fondé par Henri Jeanson "Aujourd'hui". Quand ce journal prend une orientation collaborationniste, il décide d'y rester et d'essayer de continuer à utiliser sa plume de journaliste pour essayer d'inviter ses concitoyens à la dignité et à l'espoir. Cela, des critiques moqueuses par exemple de Louis-Ferdinand Céline, une gifle au collaborateur Alain Laubreaux (qui avait insulté Jean Marais) lui valent des inimitiés qui tentèrent de le faire passer pour juif, à une époque où cela équivalait à être déporté dans des camps d'extermination. Son activité journalistique lui permet surtout de couvrir ses activités de résistant actif : il est membre du réseau AGIR et de l’équipe des Éditions de Minuit, fondées par Vercors.

Le 22 février 1944, on l'avertit que la Gestapo va venir le prendre mais il refuse que ce soit Youki qui se drogue à l'éther qui subisse les représailles et éventuellement la torture. Il est incarcéré à Compiègne. Malgré les interventions de ses amis, parmi lesquels Georges Suarez, directeur d'Aujourd'hui, il sera déporté au camp de Flöha en Saxe, où il restera un an. Libéré, il s'éteint à Térézin de misère, d’épuisement et du typhus, non sans nous laisser à travers sa correspondance avec sa femme Youki, encore une fois une leçon de courage, d'amour et de liberté. « Ce n'est pas la poésie qui doit être libre, c'est le poète ».

Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

Robert le diable [modifier]

En 1971, Jean Ferrat interprète Robert le diable, poème dédié par Louis Aragon à la mémoire de son ami tragiquement disparu. La chanson avait été créée, auparavant, par Christine Sèvres (1931-1981), alors épouse de Ferrat :

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne…

Musique de Jean Ferrat :
- Ferrat chante Aragon, 1 CD compilation réédition 1992, Barclay.
- Christine Sèvres, 1 CD compilation réédition 1994, Disques Temey.

Des poèmes célèbres [modifier]

La Fourmi, un des poèmes du recueil Chantefables et Chantefleurs, a été mis en musique, pour la première fois, par Joseph Kosma et enregistré par Juliette Gréco en 1950 :

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?


Le Pélican

Le Capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient.

Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un œuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.

Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un œuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.

Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.


Extrait des Couplets de la rue Saint-Martin, État de veille (1942)

Je n'aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu'André Platard l'a quittée.
Je n'aime plus la rue Saint-Martin,
Je n'aime rien, pas même le vin.

Je n'aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu'André Platard l'a quittée.
C'est mon ami, c'est mon copain.
Nous partagions la chambre et le pain,
Je n'aime plus la rue Saint-Martin.

 

 

 

Un brève biographie de Robert Desnos

 


 


Cette biographie (en construction) n'est rien d'autre que du copier/coller amélioré fait à partir des sources suivantes :
·         Marie-Claire Dumas, "Vie de Robert Desnos", in Robert Desnos, Destinée arbitraire,Paris, Gallimard, 1975
·         Marie-Claire Dumas, Robert Desnos ou l'exploration des limites, Paris, Klincksieck, 1980.
·         Pierre Berger, Robert Desnos, Paris, Pierre Seghers éditeur, 1949 (réédition : 1960)
·         Michel Murat, Robert Desnos, les grands jours du poète, Paris, José Corti, 1988
N'hésitez pas à me signaler tout élément, essentiel ou anecdotique, que vous jugez inadmissible de ne pas voir apparaître ici.

 

La jeunesse

Robert Desnos est né le 4 Juillet 1900. Son père, Lucien Desnos, est mandataire aux halles pour la volaille et le gibier. Toute son enfance et son adolescence, il la passe dans le quartier Saint-Merri, un quartier populaire des Halles. En 1902 en effet la famille Desnos s'installe rue Saint-Martin puis déménage en 1913 pour la rue de Rivoli. L'oeuvre de Desnos sera marquée par les souvenirs accumulés dans ces quartiers populaires et pitoresques. &Eacutelevé dans un milieu petit-bourgeois, il fait sa première communion en 1911 et obtient son certificat d'études en 1913. Au collège il est plutôt mauvais élève. En fait les cours ne l'intéressent pas et surtout il déteste le discours patriotique qui s'y développe. Il préfère lire Hugo et Baudelaire et surtout se passionner pour la culture populaire : romans, populaires, bandes dessinées, Fantômas et ses couvertures bariolées de couleurs, en un mot tout ce que les Surréalistes nommeront plus tard la "Poésie involontaire", le merveilleux dans la naïveté populaire... Ses poèmes de la fin des années 20 et des années 30, élaborés sur un ensemble de clichés, ont pour origine cet imaginaire que Desnos s'est construit pendant cette période. Les surréalistes qui lui reprocheront ces oeuvres ont oublié que la culture de Desnos n'est pas savante ou livresque. Quand il se lance dans les alexandrins il se trompe souvent dans la métrique, et beaucoup d'entre eux ont en fait 13 pieds ! D'ailleurs Desnos aimait répéter : "Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien... Et j'aime le vin pur." Il disait aussi : "Ce que les écrivains ont à dire s'adresse à tous".

les débuts du poète

En 1916 Desnos quitte le collège et devient commis dans une importante droguerie. Il commence à publier en 1918 dans la Tribune des jeunes, une revue de tendance socialisante. En 1919 Desnos devient secrétaire de Jean de Bonnefon et gérant de sa maison d'édition. Dans le Trait d'union, revue d'avant-garde, il publie quelques poèmes (Le fard des argonautes) dont certains sont très influencés par Apollinaire (Prospectus). Grâce au poète Louis de Gonzague Frick, il est introduit dans les milieux littéraires modernistes et d'avant-garde. Chez Georges-Elzéar-Xavier Aubaut, personnage étrange qui se dit ancien secretaire de Huysmans, il rencontre Benjamin Péret qui lui fait découvrir Dada et lui présente André Breton.
Mais en 1920 et 1921, Desnos doit faire son service militaire, d'abord à Chaumont puis au
Maroc

l'aventure commence

Entre temps Dada fait long feu. Le numéro 2 de Littérature (nouvelle série) publie le fameux texte "Lâchez tout" qui inclut Dada dans les vieux mythes à abandonner. Immédiatement après Breton et ses amis se regroupent pour mener l'expérience du Surréalisme.
Grâce à Péret, Desnos intègre le groupe et participe de manière éclatante aux expériences d'écriture automatique, de sommeils hypnotiques, de récits de rêves ou de fantasmes. Desnos joue alors le rôle du médium dans le groupe, il est un "dormeur" qui, du fond des
espaces du sommeil, sort des aphorismes d'une haute valeur poétique qui tirent toute les possibilités du langage : c'est la série des Rrose Sélavy (autre série ici). Les années 1922 et 1923 sont ainsi, pour Desnos comme pour ses compagnons, des années d'experimentation du langage et de l'ensemble de ses possibilités : Desnos a constitué un véritable laboratoire du langage (l'Aumonyme, P'Oasis, L'asile ami, La colombe et l'arche...).
D'ailleurs Desnos est véritablement le prince du surréalisme et
André Breton lui offre dans le Manifeste du surréalisme un véritable hommage :

"Demandez à Robert Desnos, celui d'entre nous qui, pêut-être, s'est le plus approché de la vérité surréaliste, celui qui, dans des oeuvre encore inédites et le long des multiples expériences auxquelles il s'est prêté, a justifié pleinement l'espoir que je plaçais dans le surréalisme et me somme encore d'en attendre beaucoup. Aujourd'hui Desnos parle surréaliste à volonté. La prodigieuse agilité qu'il met à suivre oralement sa pensée nous vaut autant qu'il nous plaît de discours splendides et qui se perdent, Desnos ayant mieux à faire qu'à les fixer. Il lit en lui à livre ouvert et ne fait rien pour retenir les feuillets qui s'envolent au vent de sa vie."

Il avait écrit un peu plus tôt dans le Journal littéraire (5 juillet 1924) :

"Le surréalisme est à l'ordre du jour et Desnos est son prophète"

Le surréalisme au quotidien

Dans les années 1924-1926, Desnos participe aux diverses manifestations surréalistes, signe les diverses déclarations et lettres ouvertes surréalistes; il est rédacteur (1924-1929) de la revue La Révolution surréaliste...
Comme il faut bien vivre, il travaille comme comptable des publications médicales de la Librairie Baillère (1922-1924), écrit sur commande pour Jacques Doucet (De l'érotisme, 1923...), est, pendant un moment, courtier de publicité pour un annuaire industriel, il est ensuite caissier du journal Paris-Soir (1924). Puis il se fait journaliste d'abord à Paris-Soir (1925-1926), puis au journal Le Soir (1926-1929), à Paris-Matinal (1927-1928) et au Merle. Passionné de cinéma, il publie des chroniques cinématographiques dans divers journaux.
Si ces activités lui prennent beaucoup de temps, il ne cesse pas d'écrire. Déjà en 1924 était paru
Deuil pour deuil, long texte purement narratif, où Desnos fait un voyage dans un fantastique intégral. Desnos s'approche un peu plus de la forme romanesque avec La liberté ou l'amour !, qu'il écrit juste après et qui est publié en 1927, non sans provoquer le scandale : le tribunal correctionnel de la Seine condamne cet ouvrage et le mutile (l'épisode du "Club des buveurs de sperme" est supprimé). En 1926, il publie C'est les bottes de 7 lieues cette phrase « Je me vois », qui regroupe des poèmes écrits en 1923, où l'automatisme s'efface un peu.
En 1926, Desnos s'installe dans l'ancien atelier d'
André Masson, au 45 de la rue Blomet. Il y expérimente l'opium, ce qui n'était peut-être pas une très bonne idée puisque le roman qu'il tirera de cette expérience, Le vin est tiré, en 1943, est certainement son plus grand échec littéraire. Rue Blomet, Desnos est à la fois à deux pas du Bal nègre, où il est continuellement fourré, de Montparnasse, quartier des artistes et autres excentriques, des ateliers d'André Masson et de Joan Mirَ, et de la rue du Château où se réunissent Georges Malkine, Marcel Duhamel, Raymond Queneau et les frères Prévert.

Il est difficile de comprendre l'oeuvre de Desnos si on ne connaît pas quelques éléments de sa vie sentimentale.
Jouons, si vous le voulez, à découvrir le nom de la femme dont Desnos sera passionnément amoureux même après sa mort en 1930 : Lisez
Infinitif attentivement, puis regardez ici la solution.
C'est probablement en 1924 qu'il rencontre
Yvonne George, la chanteuse de music-hall. Son amour qui, selon Fraenkel, ne fut jamais partagé, inspirera de nombreux poèmes, notamment ceux qu'il dédicace "à la mystérieuse" en 1926. C'est l'occasion pour Desnos de renouer avec le lyrisme.
Voilà ce qu'écrit Antonin Artaud à Jean Paulhan dès que lui parviennent les poèmes A la mystérieuse :

"Je sors bouleversé d'une lecture des derniers poèmes de Desnos. Les poèmes d'amour sont ce que j'ai entendu de plus entièrement émouvant, de plus décisif en ce genre depuis des années et des années. Pas une âme qui ne se sente touchée jusque dans ses cordes les plus profondes, pas un esprit qui ne se sente ému et exalté et ne se sente confronté avec lui-même. Ce sentiment d'un amour impossible creuse le monde dans ses fondements et le force à sortir de lui-même, et on dirait qu'il lui donne la vie. Cette douleur d'un désir insatisfait ramasse toute l'idée de l'amour avec ses limites et ses fibres, et la confronte avec l'absolu de l'Espace et du Temps, et de telle manière que l'être entier s'y sente défini et intéressé. C'est aussi beau que ce que vous pouvez connaître de plus beau dans le genre, Baudelaire ou Ronsard. Et il n'est pas jusqu'à un besoin d'abstraction qui ne se sente satisfait par ces poèmes où la vie de tous les jours, où n'importe quel détail de la vie journalière prend de l'espace, et une solennité inconnue. Et il lui a fallu deux ans de piétinements et de silence pour en arriver tout de même à cela."
(Oeuvres complètes, Gallimard NRF, t. 1., 1979, pp. 128-129)

On retrouve également Yvonne George dans la figure de l'étoile, ou encore, quoique de façon plus confuse, dans celle de l'anémone, qui apparaîssent un peu partout dans ses poèmes.
Quant à Youki Foujita, avec qui il vit depuis la fin des années 20, elle est représentée par la sirène. Partagé entre ces deux amours, Desnos s'est attribué la forme de l'hippocampe. On retrouve cette flore et faune dans les grands poèmes de la fin des années 20 et du début des années 30 : Sirène-Anémone, Siramour et The night of loveless nights. Ces poèmes à la fois hermétiques et pleins de stéréotypes empruntés à la culture populaire seront vivement attaqués par André Breton.

la rupture

En effet Desnos va peu à peu distendre ses liens avec le groupe des surréalistes. Déjà en 1927, lorsque Breton, Aragon, ةluard, Péret et Unik justifient leur engagement politique au parti communiste, il fait partie de ceux qui proclamment l'incompatibilité de l'activité surréaliste avec une action militante au parti communiste. Progressivement l'écart s'accentue entre Desnos et Breton : ce dernier lui reproche d'être devenu un professionnel du journalisme ou d'avoir représenté la Razon au congrès de la Presse latine à Cuba en 1928. Quand André Breton et Aragon essaient de relancer l'activité collective en 1929, Desnos s'abstient, comme Leiris, Masson, Bataille, Limbour.
C'est en décembre 1929, lorsque paraît le Second manifeste du surréalisme, que la rupture est consommée. Breton y réserve six pages à Desnos, que nous
reproduisons ici. On peut y lire notamment :

"Une grande complaisance envers soi-même, c'est essentiellement ce que je reproche à Desnos"

Il faut dire que Desnos avait signé auparavant, avc Georges Ribemont-Dessaignes, Georges Bataille, Jacques Prévert, Limbour, Roger Vitrac, Antonin artaud, Rhilippe Soupault, André Masson, Joseph Delteil, Un cadavre où l'on traitait Breton de "lion châtré", de "palotin du monde occidental", de faisan, de flic, de curé, de joli coco, d'esthète de basse-cour, etc...
Un peu plus tard, dans un modèle de "ligne droite en matière d'éreintage", Aragon, chargé d'exécuter définitivement Desnos, écrit, entre autres et non sans une certaine mauvaise foi, sous le titre de Corps, âmes et biens, dans Le surréalisme au service de la révolution :

"Le langage de Desnos est au moins aussi scolaire que sa sentimentalité. Il vient si peu de la vie qu'il semble impossible que Desnos parle d'une fourrure sans que ce soit du vair, de l'eau sans nommer les ondes, d'une plaine qui ne soit une steppe, et tout à l'envi. Tout le stéréotype du bagage romantique s'adjoint ici au dictionnaire épuisé du dix-huitième siècle. On dirait une vaste tinette où l'on a versé les débris des débauches poétiques de Lebrun-Ecouchard à Georges Fourest, la scorie prétentieuse de l'abbé Delille, de Jules Barbier, de Tancrède de Visan, et de Maurice Bouchor. Les lys lunaires, la marguerite du silence, la lune s'arrêtait pensive, le sonore minuit on n'en finirait plus, et encore faudrait-il relever les questions idiotes (combien de trahisons dans les guerres civiles?) qui rivalisent avec les sphinx dont il est fait en passant une consommation angoissante. Le goût du mot mâle, les allusions à l'histoire ancienne, du refrain dans le genre larirette, les interpellations adressées à l'inanimé, aux papillons, à des demi-dieux grecs, les myosotis un peu partout, les suppositions arbitraires et cones, un emploi du pluriel (...) qui tient essentiellement du gargarisme, les images à la noix, (...) ce n'est pas la façon de s'exprimer qui vaut à ce livre d'être à proprement parler un chef d'oeuvre...''

Comme le dirait Charles Péguy, "toute mystique dégénère en politique"... Il est bien loin le temps de la Révolution une et indivisible.

la vie continue

A partir de ce moment Desnos ne cessera plus d'être un franc-tireur.
En 1930, au moment de la crise du surréalisme, paraît
Corps et biens, qui regroupe les poèmes publiés en revue de 1919 à 1929. Dans les années 30 les publications de Desnos se font plus rares. Pendant cette période, s'il ne cesse pas d'écrire, il é



25/07/2008
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