gardez le sourire

gardez le sourire

Paul Éluard

Paul Éluard

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Aller à : Navigation, Rechercher

 

Cet article est une ébauche à compléter concernant un écrivain, vous pouvez partager vos connaissances en le modifiant.

Paul Eluard (de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel) est un poète français, né à Saint-Denis, le 14 décembre 1895, mort le 18 novembre 1952 à Paris.

Il choisit à l’adolescence, le nom de Paul Eluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhéra au dadaïsme et fut l'un des piliers du surréalisme en ouvrant la voie à une action artistique engagée.

Biographie [modifier]

Atteint de tuberculose à dix-sept ans, après une enfance heureuse, il est contraint d'interrompre ses études. En Suisse, au sanatorium de Davos, il rencontre Helena Diakonova qu'il surnomme Gala. Il l'épouse en 1917 et commence à écrire ses premiers poèmes. En 1918, Jean Paulhan le découvre et l'assistera toute sa vie. Présenté à André Breton et Louis Aragon avec lequel il entretiendra toute sa vie une relation extrêmement profonde aussi conflictuelle (notamment autour du communisme) que prolifique, mais toujours riche, il entre dans le groupe dadaïste à Toulon. Sa contribution au Dadaïsme commence avant l'avènement du Dadaïsme à Paris puisqu'alors que Tzara est encore à Zurich, tous deux mettent au point 4 papillons (Eluard en rédige un) qui seront diffusés dans la ville à 1000 exemplaires chacun.

Après une crise conjugale, il entreprend un tour du monde qu'il achève en 1924. Ses poèmes de l'époque (L'Amour la poésie) témoignent d'un passage difficile : rechute tuberculeuse et séparation d'avec Gala, qui est devenu l'égérie de Salvador Dali à l'occasion de vacances communes des deux couples dans la propriété des Dali à Cadaques, dont de nombreuses photographies ornant notamment l'une des pièces de cette demeure aujourd'hui transformée en musée témoignent.

En 1926, il publie « Capitale de la douleur » qui le sacre comme l'un des poètes de tout premier plan. Dans ce recueil figure notamment La courbe de tes yeux... :

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu,

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leur regard.

En 1933 se profile une "crise" avec son exclusion du parti communiste français auquel il avait adhéré en 1926, avant de se rallier au parti communiste clandestin en 1943, 10 ans après et en pleine Seconde Guerre mondiale. En 1934, il épouse Nusch, modèle de Man Ray et de Pablo Picasso, « l'égérie, la mascotte, la femme des surréalistes ». Des désaccords politiques l'éloignent du groupe des surréalistes (1938). Pendant la dernière guerre mondiale, il est mobilisé et mène une activité résistante. C'est surtout avec les mots qu'il a décidé de lutter et son poème Liberté (1942), dont le génie consiste à faire émerger d'un poème d'amour léger et sublime un cri de protestation et d'engagement (ce que l'auteur lui même raconte avoir ressenti comme une nécessité à l'écriture de ce texte qui se destinait au départ à n'être qu'un poème d'Amour sans valeur transcendentale particulière) et le force à entrer dans la clandestinité. Son écriture aborde dès lors plus radicalement des thèmes militants et engagés, à laquelle l'extrême concision formelle qu'il adopte dès lors donne plus d'impact encore.

Liberté

Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J'écris ton nom

(...)

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J'écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l'espoir sans souvenir

J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté.

Après la mort prématurée de Nusch, il rencontre son ultime amour, Dominique, et lui dédie son recueil Le Phénix, transition entre l'horreur de la longue déliquescence de Nusch et plus tard la renaissance à travers l'amour de Dominique, dans lequel les thématiques de la mort, du doute, du désespoir, de la Vanité des Vanités s'opposent en miroir à celles de la vie, de l'amour, de la sensualité et de la chair avec comme clef de voûte le poème écrit au moment de la mort de Nusch, à la fois épitaphe et notes intimes qui nous font peut être plus que n'importe quel autre poème rentrer profondément dans l'intimité de Paul Eluard à travers son désespoir sans fard et son renoncement épuisé, poème qui justifie et fonde à la fois le recueil. Paul Eluard décède d'une crise cardiaque en novembre 1952. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris où il repose dans une partie calme et ombragée de la division 97 non loin d'autres figures de l'engagement social de l'après-guerre tel que Maurice Thorez.

Il fut par ailleurs lauréat du prix international de la paix (décerné par le Conseil mondial de la paix) en 1952.

Œuvre [modifier]

Tenter de résumer la complexité de l'œuvre du poète à l'image d'Epinal souvent employée pour présenter cet écrivain majeur à une certaine dualité entre son engagement politicosocial et une approche artistique plus ludique et tournée vers un imaginaire amoureux extrêmement fécond, c'est réduire la dimension d'un auteur hors normes et hors cadre, contestataire né (en ce sens porte parole précurseur de la "rébellion romantique" qui marque l'imaginaire international de l'après guerre depuis James Dean à Robert Frost) à une vision simpliste et, parfois, antinomique à son œuvre.

Ce qui caractérise Paul Eluard dans cette œuvre marquée par une volonté constante de recherche de nouvelles voies (tant dans la thématique que dans la forme), c'est peut être une façon de penser, un système philosophique ébauché, dans lequel l'auteur, en assumant la complexité et parfois la déroutante réticence de la vie à œuvrer dans le sens qu'il souhaite lui donner, tente de dégager une approche synthétique au sens étymologique du mot et optimiste de la vie, afin de faire naître et d'animer une éthique pragmatique de la vie dans laquelle il souhaite nous réconcilier avec les choses simples, et ainsi retrouver une perspective depuis ces choses simples et les émotions qui leur sont liées vers des une généralisation transcendantale (une approche métonymique) à des concepts d'ordre général (la liberté, la justice, l'amour, la vie...) pour lesquels il milite d'autant plus qu'il est convaincu que ceux-ci et cette méthode sont porteur d'un progrès et d'un espoir puissant dont les effets bénéfiques (à la lecture immédiate du poème, puis à moyen et long terme) justifie toute licence afin de les diffuser. C'est là que se pose sa singularité la plus marquante, dans sa volonté de faire émerger des relations qui n'existaient pas -et peut être nul autre qu'un poète qui joue avec le langage et réinvente les relations signifiant signifié n'aurait pu faire naître le vocabulaire exprimant une idée inexprimable (dans la mesure où radicalement révolutionnaire manquait le vocable nécessaire - catachrèse -). Il est d'ailleurs passionnant de suivre à travers la prolifique production littéraire de ce poète hors pair les difficultés et les doutes liés à son expérience personnelle et au contexte historicopolitique international de son époque qui favorise la condensation de sa pensée et débouche sur son action future en faveur d'un mode de vie humaniste, qui ne tombe pas dans le piège consistant à ne pas prendre en compte la richesse de la divergence sémantique de l'expérience réelle, mais en au contraire tente de l'intégrer dans son expérience et sa production littéraire, en portant dessus un regard critique.

Différents statuts peuvent marquer les poètes, depuis la poésie ludique, jusqu'à la poésie engagée, et dans la poésie engagée encore on peut établir des distingo entre les poètes mettant en exergue une problématique (aussi éblouissante soit l'artifice artistique utilisé afin de poser la problématique à l'imaginaire du lecteur - pour prendre un exemple, citons le sublime poème de Pablo Neruda, "Expliquons-nous" -) et ceux qui se projettent au delà et offrent une ébauche de solution. C'est ce que fait Eluard. En pédagogue instinctif, intuitif pourrait on même dire selon le sens que confère Spinoza à ce concept dans son éthique, il profile, à travers des textes dont la maîtrise formelle et le jeu autour du langage demeureront pour longtemps encore des parangons, des cadres de réponses aux problématiques et aux questions qu'il fait naître de son rapport singulier, et vivant, avec le réel ainsi que d'un rapport plus général procédant cette fois d'un (néo)humanisme international. On peut aussi citer à cet égard le célèbre quatrain, très engagé:

« Et Staline pour nous est présent pour demain

Et Staline dissipe aujourd'hui le malheur

La confiance est le fruit de son cerveau d'amour

La grappe raisonnable tant elle est parfaite »

Ce qui a créé, fait et fera à l'avenir le succès universel d'Eluard, à l'instar d'un Robert Frost par exemple, c'est que tel un sujet "désirant" -au sens analytique du terme-, il est dans une quête de sens et de valeur, qu'il ne cessera toute sa vie durant de proposer dans toutes ses actions artistiques. Il n'est dès lors pas étonnant que ce poète s'inscrive dans une perspective surréaliste qui interroge justement le sens "conventionnel" attribué aux choses pour mieux, dans le cas d'Eluard, le déconstruire, extirper la plus petite notion de signification résiduelle dans un effort titanesque pour faire tabula rasa de tous ces concepts et ce foisonnement de signifiés désaffectés et recréer un vocable vecteur d'un sens qui sous tend sa volonté de synthèse d'une nouvelle philosophie de vie.

« Malgré le ciel clément et la terre ralliée

Malgré l'été plus glorieux que les guerriers

Un sanglot sans écho comme une île déserte

Surgit du flot des guerres et de la misère »

(Message aux délégués du rassemblement pour la paix,1951).


Jacques Gaucheron, auteur du livre « Paul Eluard ou la Fidélité à la vie », familier d’Eluard et de sa poésie, le rencontre après la guerre au Comité national des écrivains. Devenus amis, ils publient ensemble « les Maquis de France » ; Jacques Gaucheron a rendu compte des publications d’Eluard au fur et à mesure de leurs parutions. Pour lui : « Paul Eluard est entré dans l’histoire littéraire. Lorsqu’il parle de « poésie ininterrompue », ce n’est pas un vain mot. Des « Poèmes pour la paix » de 1918 jusqu’à sa mort et au-delà, puisque les dernières œuvres sont publiées ensuite, on assiste à une recherche poétique diverse et sans rupture ».

Cette cohérence tient à la profondeur de l’invention d’Eluard, qui n’est pas seulement une manière de dire, mais une manière d’être. « L’intuition fondamentale du poète, explique Jacques Gaucheron, est précocement à l’origine de la revendication inconditionnelle du bonheur. Sa médiation poétique s’expérimente dans les remous de sa vie personnelle. On pense souvent à lui comme poète de la Résistance. Durant les années abominables de l’occupation nazie, il est celui qui ne se résigne pas, qui n’accepte pas. Le sommet est atteint avec « Liberté », qui sera diffusé dans le monde entier en 1942. Paul Eluard est un porteur d’espérance. Mais il est aussi le poète de la résistance, sans majuscule. Il écrit contre l’ordre du monde. Sa lutte est tout aussi ininterrompue que sa poésie. Lorsqu’il écrit l’« Immaculée Conception » en 1930 avec André Breton, il se bat contre les traitements que l’on inflige aux aliénés, l’aliénation étant l’une des pires représentations de l’exclusion. Au sens que lui confère Eluard, la poésie est une entreprise de « désaliénation ». La poésie en devient donc un art de langage, un art de vie, un instrument moral. »

Chez Paul Eluard, ces exigences morales apurent le mot sans jamais éluder les bouleversements de l’homme, tant la logique de l’amour les soutient. « Pour lui, l’amour est la grande force révolutionnaire, souligne Jacques Gaucheron. Il l’approfondit sans cesse, du désir le plus charnel à l’érotisme et jusqu’à cette ouverture au monde qu’est l’amour. Passer de « je » à « tu », c’est passer à « nous », et donc au « nous » le plus vaste. L’amour, par nécessité intérieure donne à voir, donne à vivre, donne à vouloir un monde sans mutilations, s’épanouirait en investissant toutes les dimensions humaines. La seule exigence totalisante étant celle du bonheur. » « Il ne faut pas de tout pour faire un monde, écrit Paul Eluard, il faut du bonheur et rien d’autre. »

Mais il est un autre mot qu’Eluard répétera constamment. C’est le mot « utile », contre ceux qui prônent la gratuité de l’art. « Il faut lire Eluard parce qu’il est un poète utile, écrit Jacques Gaucheron dans les premières pages de « la Fidélité à la vie ». Il est un poète utile parce qu’il est un poète de la libération humaine. Il fait son métier, les pieds sur la terre, soucieux des hommes de son temps, tout préoccupé d’avenir. »

Œuvres [modifier]

·     « Premiers poèmes » (1913)

·     « Le Devoir » (1916)

·     « Le Devoir et l'Inquiétude » (1917)

·     « Les animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux » (1920)

·     « Une vague de rêve » (1924)

·     « Mourir de ne pas mourir » (1924)

·     « Au défaut du silence » (1925)

·     « Capitale de la Douleur » (1926)

·     « Les Dessous d'une vie ou la Pyramide humaine » (1926)

·     « L'Amour la Poésie » (1929)

·     « Ralentir travaux » (1930 )

·     « À toute épreuve » (1930)

·     « Défense de savoir » (1932)

·     « La Vie immédiate » (1932)

·     « La rosé publique » (1934)

·     « Facile » (1935)

·     « Yeux fertiles » (1936)

·     « Poésie et vérité » (1942)

·     « Avis » (1943)

·     « Les sept poèmes d'amour en guerre » (1943)

·     « Poésie ininterrompue » (1946)

·     « Notre vie » (1947)

·     « À l'intérieur de la vue » (1947)

Les « Œuvres complètes » (deux tomes) de Paul Eluard ont été publiées en 1968 dans la « Bibliothèque de la Pléiade ».À cette occasion un « Album Eluard » à été réalisé.

·     « Ode à Staline » (1950)

·     « Le Phénix », (1951), Œuvres complètes, II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1968

·     Picasso, dessins (1952)

 

"L'Avis" (1942)

La nuit qui précéda sa mort
Fut la plus courte de sa vie
L'idée qu'il existait encore
Lui brûlai le sang aux poignets
Le poids de son corps l'écoerait
Sa force le fasait gémir
C'est tout au fond de cette horreur
Qu'il a commencé à sourire
Il n'avait pas UN comarade
Mais des millions et des millions
Pour le venger il le savait
Et le jour se leva pour lui.

 

"Betes et Mechants" (1943)

Venant du dedans
Venant du dehors
C'est non ennemis
Ils viennent d'en haut
Ils viennent d'en bas
De près et de loin
De droite et de gauche
Habillés de vert
Habillés de gris
La vest trop courte
Le manteau trop long
La croix de travers
Grands de leurs fusils
Courts de leurs couteaux
Fiers de leurs espions
Forts de leurs bourreaux
Et gros de chagrin
Armés jusqu'à terre
Armé justqu'en terre
Raides de saluts
Et raides de peur
Devant leurs bergers
Imbibés de bière
Imbibés de lune
Chantant gravement
La chanson des bottes
Ils ont oublié
La joie d'être aimé
Quand ils disent oui
Tout leur répond non
Quand ils parlent d'or
Tout se faid de plomb
Mais centre leur ombre
Tout se fera d'or
Qu'ils partent qu'ils meurent
Leur mort nous suffit.

     ------

Nous aimons le hommes
Ils s'évaderont
Nous en prendrons soin
Au matin de gloire
D'un monde nouveau
D'un mond à l'endroit.

 

 

 

"Courage" (1942)

Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C'est l'air pur c'est le feu
C'est la beauté c'est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d'une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme un épée
Ingénue et savante
Tu ne supportes pas l'injustice
Pour toi c'est le seul désordre
Tu vas le libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien éléves
Un rayon s'allume en nos vienes
Notre lumière nous re



25/07/2008
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 22 autres membres