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LES TROIS ENFANTS AUX ETOILES

 

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LES TROIS ENFANTS AUX ETOILES

 

Au cours d'une tournée d'inspection dans son royaume, un roi rencontra trois jeunes filles d'une rare beauté. Il en fut si émerveillé qu'il résolut de les épouser.

Les ayant fait approcher, il leur posa cette question :

- Voulez-vous être toutes les trois mes épouses ?

- C'est impossible, ô roi, répondirent les jeunes filles, nous sommes soeurs. - Roi, ajouta la première, je suis une cuisinière comme il n'y en a pas. Si je devenais ta femme, tu trouverais ma cuisine tellement succulente, qu'en portant la nourriture à ta bouche, tu risquerais d'avaler tes doigts.

 

- Moi, affirma la deuxième, je suis si bonne ménagère que tes appartements feraient l'envie de tes voisins pour la propreté et l'ordre que j'y ferais régner. Et moi même je saurais si bien me parer que, dans tes sorties, lorsque je paraitrais à tes côtés, les rois, tes voisins, seraient jaloux de toi, et que les acclamations de la foule monteraient toutes vers moi.

 

- Moi, dit simplement la troisième, je n'ai aucune des qualités de mes soeurs. Mais je pourrais te donner des enfants qui ne seraient pas comme les autres; ils porteraient tous des étoiles sur le front.

 

Vivement intéressé, le roi écouta les jeunes filles et décida de les prendre pour épouses. Il manda les parents, leur exposa son désir, tout en leur faisant remarquer qu'il agissait à l'encontre de la coutume qui défend de prendre plusieurs épouses dans la même famille, mais que, pour une fois, on dérogerait à cette coutume.

 

Les parents savaient bien qu'ils ne pouvaient rien contre la volonté du roi. Ils consentirent donc à lui donner leurs trois filles.

 

Au jour fixé pour le mariage, les jeunes filles furent amenées au palais où la foule s'était massée pour acclamer les nouvelles reines. Il y eut grande fête. Tout le pays avait été invité et, plusieurs jours durant, ce furent des réjouissances continuelles...

 

Quand vint le moment, pour la première des soeurs, de montrer ses talents culinaires, le roi trouva les plats si délicieux qu'il convoqua les femmes qui le servaient auparavant pour leur annoncer qu'elles pouvaient se retirer dans leurs cases : aucune d'elles n'avait jamais réussi pareille cuisine!

 

La deuxième s'occupa de mettre de l'ordre dans les appartements du roi et elle les orna avec un gout si parfait que le roi fut ravi.

 

À la première sortie du roi, la jeune reine assise près de lui sur le char, fit d'emblée l'admiration des foules qui ne se fatiguaient pas de l'acclamer. Le roi était heureux de l'enthousiasme de son peuple pour la jeune reine.

 

Les femmes qui l'entouraient précédemment et qui, à tour de rôle, l'accompagnaient dans ses sorties, furent invitées, elles aussi, à se retirer dans leurs cases. Ils s'ensuivit chez toutes, une explosion de jalousie indescriptible. Retirées dans leurs appartements, elles ne tardèrent pas à former des projets de vengeance...

 

La troisième des soeurs étant sur le point de devenir maman, le roi la confia aux reines.

 

Ah! pensèrent-elles aussitôt, voilà pour nous une belle occasion de nous venger !… Le roi d'ailleurs n'avait-il pas proclamé à qui voulait l'entendre, que sa femme allait lui donner des enfants extraordinaires?...

 


La reine du palais qui avait de nombreux enfants et dont l'ainé, d'après la coutume, devait un jour succéder à son père, craignant que son fils ne soit évincé par les enfants de la nouvelle reine, résolut de se débarrasser à tout prix de celui qui allait voir le jour.

Elle ne quitta plus la jeune reine, se montra pour elle pleine de prévenances, l'entoura de tous les soins que réclamait son état. Elle s'était assurée des complices parmi quelques reines, ses compagnes.

Quand l'enfant fut sur le point de venir au monde, la reine du palais était là. Elle s'approcha de la jeune mère, un mouchoir à la main:

- Tu vas devenir maman, lui dit-elle, il ne faut pas que tu voies l'enfant à son arrivée au jour. Je vais donc te bander les yeux.

La jeune reine, ignorante, y consentit. Quant naquit l'enfant, il avait, comme prévu, une étoile sur le front. Mais on le remit en hâte aux complices qui l'enveloppèrent dans un pagne et l'emportèrent pendant qu'on lui substituait une statuette. - Comment ! s'écria la reine du palais, c'est cela ton enfant!

 

On enleva à la jeune mère le bandeau qui lui voilait les yeux et la malheureuse se mit à pleurer en voyant la statuette qu'on lui présentait.

 

Le roi entra dans une telle colère qu'il voulait immédiatement faire exécuter cette femme ainsi que l'exige la coutume: n'était-ce pas pour lui un déshonneur et une malédiction?...

 

Mais les deux soeurs de la reine se jettent à ses pieds et le supplient d'avoir pitié de leur soeur et de patienter : le prochain enfant, assurent-elles, aura certainement une étoile sur le front. Le roi se laisse toucher et pardonne. La femme revient au palais.

 

Quant aux jalouses, elles se disent entre elles:

 

- Ah! ah! le roi nous délaisse à cause de cette femme qui devait lui donner des enfants extraordinaires!... Le voilà bien puni!

 

Pendant ce temps, les complices ont déposé l'enfant dans une caisse qu'ils vont jeter dans la rivière, non loin de là.

 

Sur les rives, un pêcheur répare son filet, il voit passer la caisse. Pensant qu'elle doit provenir de quelque pirogue ayant fait naufrage et qu'elle contient peut-être des richesses, il s'en empare et l'emporte chez lui.

 

Quant il l'ouvre, quelle n'est pas sa surprise d'y découvrir un nouveau né portant une étoile sur le front ! Il appelle sa femme et tous deux ne savent que dire de pareil phénomène. D'un commun accord, ils décident de garder l'enfant et de n'en parler à personne

 

La femme du pêcheur est une maman toute dévouée et pleine d'attentions. L'enfant se développe, grandit et fait preuve d'une intelligence extraordinaire pour son âge...

 

Au palais, la jeune reine devient mère pour la seconde fois. La reine du palais, qui ne la quitte pas, procède comme précédemment. Mais ce n'est plus une statuette qui remplace l'enfant, c'est une calebasse percée.

 

Le second enfant était bien né avec une étoile sur le front, mais à l'instar du premier, il fut enfermé dans une caisse et jeté dans le courant.

 

Le pêcheur était à la rivière, en train de relever ses filets. Apercevant la caisse, il alla la chercher et l'emporta chez lui. Pour la seconde fois, il venait de sauver un enfant avec une étoile sur le front.

 

Il avait vaguement entendu parler d'une reine qui mettait au monde des objets insolites. Après sa seconde trouvaille, il se demanda même s'il n'y avait pas quelque rapport entre les nouveau-nés jetés à la rivière et les naissances monstrueuses du palais.

 

Il eut l'intention d'aller trouver le roi et de lui faire part de ses découvertes, mais sa femme lui conseilla d'attendre. Elle prendrait soin des enfants, et le mystère finirait bien par s'éclaircir un jour ou l'autre.

 

Cependant, rien ne pouvait calmer la colère du roi. Les deux soeurs ne savaient que faire pour l'empêcher de mettre ses menaces à exécution. Leurs cris, leurs larmes, rien ne pouvait le fléchir. La douleur de la deuxième était telle qu'elle en perdait tous les charmes qui faisaient sa beauté. Le roi finit par se laisser toucher et consentit à faire revenir au palais la reine infortunée.

 

L'année suivante, elle devint mère pour la troisième fois. Mais la reine du palais était toujours là et, à la place de l'enfant si impatiemment attendu, elle présenta à la pauvre mère une statue tenant une flèche dans sa main. Quant à l'enfant au front étoilé, il fut, comme ses ainés, déposé dans une caisse et porté à la rivière. Ce fut le même pêcheur qui le recueillit et le confia à sa femme.

 

Pour la pauvre mère, il ne pouvait plus être question de pardon. Les larmes de ses soeurs n'avaient plus la moindre chance de fléchir le coeur de leur époux, car la flèche que la statuette portait à la main était un signe évident de malheur pour le souverain. Si de pareilles choses se renouvelaient chez lui, c'était la mort certaine!...

 

Les reines jalouses vont donc avoir raison de leur rivale. Complaisamment, elles décrivent au roi toutes les catastrophes qui le guettent. Cette fois, il n'y a plus à hésiter, affirment-elles. Il faut, au plus tôt, faire disparaitre cette femme.

 

Chez le pêcheur, entre temps, les enfants ont grandi. Ils se montrent exceptionnellement intelligents et sont très bien soignés. Mais ils vivent retirés et personne ne les connait. Or voici qu'un jour, le roi annonce à tout son peuple que la reine qui devait lui donner des enfants extraordinaires n'a réussi qu'à attirer le malheur sur lui. En conséquence, il l'a condamnée à mourir.

 

Au jour fixé pour l'exécution, la foule assiège le palais. On veut voir une dernière fois la reine malheureuse. Le pêcheur s'est mêlé au groupe des curieux. Il a fait préparer de beaux habits pour les trois enfants, et, après leur avoir noué un bandeau autour du front, il les mène sur la place du palais.

 

Le roi est là, sur une estrade, assis sur son trône. Quand la pauvre reine est amenée, tous les regards se portent sur elle. Le bourreau pose une jarre: la jeune femme est placée à genoux, la tête penchée sur la jarre. Un sabre à la main, le bourreau s'apprête à lui trancher le cou.

 

Le crieur public rappelle à la foule que cette femme devait donner au roi des enfants marqués au front d'une étoile. Mais elle n'a fait qu'attirer sur lui les malheurs. C'est pourquoi elle va être exécutée.

 

Au moment où le bourreau lève le bras, le pêcheur, qui a entendu parler d'étoile sur le front, presse l'aîné des trois enfants de crier:

 

- Roi, je demande grâce pour cette femme !...

 

Le bourreau reste le bras en l'air. Le roi veut savoir qui a parlé. La foule tend l'oreille. Le pêcheur pousse alors les enfants vers l'estrade :

 

- Roi, dit l'ainé des enfants, si vous tuez cette femme, c'est l'innocence que vous punissez.

 

- Explique-toi, dit le roi.

 

S'adressant au pêcheur, l'enfant lui dit:

 

- Explique au roi, où et comment tu nous as trouvés, ensuite je parlerai.

 

Le pêcheur raconte comment il a trouvé les enfants. Après quoi, l'ainé des trois se tourne vers les reines qui, richement parées, se tiennent aux côtés du roi. Il s'en prend à une d'elles:

 

- N'est-ce pas toi qui, le jour de notre naissance, nous as enlevés à notre mère après lui avoir bandé les yeux?... N'est-ce pas toi qui nous as fait mettre dans des caisses que l'on a jetées à la rivière?…

 

La reine ainsi interpellée prend peur. Elle tremble, elle hésite à répondre et s'adresse enfin au roi:

 

- Cet enfant vous a trompé, ô roi! Comment pourrait-il être l'enfant de cette femme ? Ne vous avait-elle pas dit que les siens naitraient avec une étoile sur le front? Où est cette étoile?.

 

Le pêcheur indigné arrache le bandeau qui encercle le front des enfants et les étoiles paraissent. La foule émerveillée applaudit et pousse des cris de joie.

 

- Roi, dit alors l'ainé des enfants, ce n'est pas notre mère qu'il faut tuer, elle est innocente, mais cette femme qui, poussée par la jalousie, a voulu notre mort et celle de notre mère.

 

Le roi fit lever la pauvre mère qui était toujours, là, à genoux, la tête penchée sur la jarre prête à recevoir son sang. Puis il se tourna vers le bourreau:

 

- Prends cette femme jalouse et tranche lui la tête, ordonna-t-il.

 

- Roi, dit la misérable, je ne suis pas seule coupable !

 

Elle dénonça ses complices qui tombèrent avec elle sous le sabre du bourreau.

 

La pauvre mère fut remise à ses enfants qui par la suite succédèrent à leur père sur le trône.

 

L'innocence finit toujours par triompher.

 

 

 

Questions (réponds sur une autre feuille)

 

LES TROIS ENFANTS AUX ETOILES?

 

1)     Que disent-elles chacune pour que le roi la choisisse ? Quelle est leur qualité principale?

2)     Pourquoi le roi ne peut-il pas épouser les trois filles ?

3)     Pourquoi les anciennes reines sont-elles jalouses des trois filles?

4)     Que veut faire la reine du palais pour que son fils ainé devienne le prochain roi?

5)    Pourquoi la troisième fille ne remarque-t-elle pas ce que fait la reine du palais lors de l'accouchement?

6)     Pourquoi le roi veut-il tuer la troisième fille (qui est devenue une de ses nouvelles reines)?

7)     Pourquoi ne la tue-t-il pas les deux premières fois?

8)     Que sont devenus les trois enfants de cette reine?

9)     Comment reconnait-on ses trois enfants?

10) À quel moment le pêcheur et les enfants comprennent que c'est leur mère que l'on veut tuer?

 



27/07/2008
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